Notes d’allocution
Charlotte-Anne Malischewski
Présidente intérimaire
Commission canadienne des droits de la personne
Assemblée générale du personnel de la CCDP
Le 22 mars 2023
5 minutes
La version prononcée fait foi
Bon après-midi à tous et à toutes.
Merci pour votre présence aujourd’hui.
Ramadan Mubarak à ceux et celles qui le célèbrent.
Comme Melanie, je m’adresse à vous depuis Ottawa, en territoire traditionnel Anishnaabeg. Et comme plusieurs d’entre vous se joignent à nous virtuellement depuis d’autres parties du pays, je tiens également à reconnaître et à honorer le fait que, d’un océan à l’autre, nous nous réunissons sur les terres ancestrales de nombreux peuples autochtones dont la culture et la présence ont nourri et continuent de nourrir cette terre.
À la Commission, nous avons une responsabilité particulière par rapport à nos héritages coloniaux et au racisme systémique. Nous devons aborder notre devoir de réconciliation avec humilité et ouverture.
Pour ceux et celles d’entre vous qui ne peuvent pas me voir, je suis une femme blanche avec des cheveux bruns foncé, des lunettes rondes, et je porte une chemise rouge et blanche et un veston noir.
La conversation que nous nous apprêtons à avoir n’est pas facile et le fait que vous soyez tous en train d’apprendre à me connaître n’arrange rien.
Depuis novembre, date à laquelle le mandat de Marie-Claude a pris fin et où l’on m’a demandé d’assumer le rôle de présidente à titre intérimaire, j’ai eu le plaisir de rencontrer et de travailler directement avec beaucoup d’entre vous. Je me réjouis à la perspective de continuer à vous connaître et à apprendre de vous tous.
Je sais que la confiance demande du temps et des gestes concrets, et je m’engage à vous donner les deux.
Nous avons la chance d’avoir un service de traduction simultanée aujourd’hui. Cela dit, il y a des choses que je veux que vous m’entendiez dire directement. Je vais donc parfois répéter certaines choses dans l’autre langue.
Nous sommes réunis aujourd’hui pour parler d’une décision rendue par le Conseil du Trésor, plus précisément par le Bureau du dirigeant principal des ressources humaines, ou BDPRH.
Jeudi après-midi, des articles citant des parties de la décision du BDPRH ainsi que des parties des griefs et des soumissions syndicales ont commencé à circuler et ont rapidement été repris par des médias dans tout le pays.
Bien que l’équipe de direction et moi-même nous sommes rapidement mobilisés pour engager un dialogue avec vous tous et toutes, nous avons décidé de reporter la réunion prévue vendredi à aujourd’hui, car les représentants syndicaux, que nous avons invités à observer aujourd’hui, ont manifesté leur intérêt pour cette rencontre.
Comme je l’ai mentionné dans mon courriel vendredi après-midi, les valeurs de transparence, d’ouverture et d’humilité sont primordiales pour moi, ainsi que pour l’ensemble de la haute gestion.
Je vous suis donc reconnaissante d’avoir accepté de nous rencontrer à si court préavis vendredi, et encore une fois aujourd’hui.
Cette conversation est extrêmement importante.
Les décisions rendues par le BDPRH font suite à ce que l’on appelle des « griefs de principe » qui ont été déposés en 2020 par :
- l’Association des juristes de justice – AJJ,
- l’Alliance de la Fonction publique du Canada – AFPC, et
- l’Association canadienne des employés professionnels – ACEP
Un « grief de principe » est un grief qui vise à résoudre des problèmes systémiques. Il est déposé par les agents négociateurs et non par les membres du personnel.
Dans le cas présent, les griefs de principe alléguaient que « les politiques, procédures, pratiques et attitudes » à la Commission avaient un impact négatif sur les membres du personnel noirs et racisés, et qu’il existait « des obstacles à leur avancement, à leur santé, à leur sécurité et à leur bien-être en général ».
Le 6 mars, le BDPRH a publié ses réponses à ces griefs. Compte tenu de la nature confidentielle des décisions, nous n’avons pas pu les partager avec vous lorsque nous les avons reçues.
Comme les griefs individuels, les griefs de principe sont des procédures confidentielles entre les syndicats et les employeurs – et il appartient aux syndicats qui les déposent de décider ce qu’ils feront de ces décisions, notamment s’ils les partageront et avec qui.
Il était important pour nous de laisser le temps aux agents négociateurs de partager l’information sur les décisions avec leurs membres et de discuter avec eux des prochaines étapes.
Cela dit, étant donné que des parties des griefs de principe ont été communiquées aux médias et que certains documents y afférents ont été mis en ligne, Ian et moi avons estimé qu’il était important de nous entretenir avec vous.
Pour ceux et celles qui ne le savent pas encore, dans ses décisions :
- Le BDPRH a conclu que la Commission avait enfreint les clauses de non-discrimination des conventions collectives respectives entre le Conseil du Trésor et l’AJJ, l’AFPC et l’ACEP.
- Le BDPRH a également estimé que la Commission n’avait pas violé les autres clauses invoquées dans les griefs.
- Le BDPRH a également noté dans sa décision que la Commission avait déjà pris des mesures proactives pour traiter les questions soulevées dans les griefs et qu’elle avait encouragé la Commission et les agents négociateurs à s’engager dans la voie de la médiation.
Comme nous vous l’avons indiqué par courriel jeudi et confirmé aux médias, nous acceptons les conclusions. Nous reconnaissons que des membres de notre personnel ont été victimes de discrimination dans notre milieu de travail.
Ian et moi-même prenons cette question très au sérieux. Il en va de même pour l’ensemble de l’équipe de direction.
En tant que dirigeants qui s’efforcent de veiller à ce que l’environnement de travail soit diversifié, respectueux et inclusif pour tous les membres du personnel, nous assumons l’entière responsabilité de ces conclusions et sommes dévastés par l’impact qu’elles ont sur chacun d’entre vous.
Votre bien-être est pour moi une priorité.
Ian et moi reconnaissons que le fardeau du racisme et de la discrimination systémiques est supporté de manière inégale par les personnes autochtones, noires et racisées.
Nous sommes conscients que les décisions et la couverture médiatique peuvent être éprouvantes et choquantes.
Nous comprenons également que lorsque les choses évoluent rapidement, et que nous manquons d’informations, cela peut rendre la situation encore plus accablante.
Lorsque nous disons que ce processus est en cours, c’est que nous espérons travailler avec les agents négociateurs et le BDPRH pour trouver des solutions concrètes et respectueuses à toutes les questions en instance.
Et pendant que le processus se poursuit, nous continuons à faire le travail nécessaire pour apporter des changements concrets dans notre milieu de travail.
Notre plan d’action contre le racisme trace la voie à suivre.
Ce plan a été élaboré en collaboration avec vous, ainsi qu’avec des agents négociateurs et des experts-conseils, dont Charles Smith, avec qui nous continuons à travailler régulièrement.
Il contient 49 engagements de changement orientés vers l’action.
Nous faisons certes beaucoup de progrès, mais nous apprenons aussi de nouvelles choses en cours de route, et nous sommes impatients de continuer à renforcer nos actions en faveur de la lutte contre le racisme, afin de veiller à ce qu’elles soient efficaces et adaptées pour lutter contre le racisme et la discrimination systémiques.
Mais nous savons que nous ne pouvons pas y arriver seuls. Nous avons tous un rôle à jouer si nous voulons tirer un trait sur le racisme et la discrimination systémiques.
Ian et moi sommes donc impatients de continuer à échanger avec vous, notamment par le biais de notre Comité consultatif de la décolonisation et de l’antiracisme – et avec les parties prenantes, les détenteurs de droits, les alliés et les experts externes pour faire avancer ce travail important.
En tant que dirigeants, nous pouvons vous assurer que nous resterons vigilants pour répondre aux préoccupations qui nous sont exprimées concernant vos expériences dans le milieu de travail et pour veiller à ce que l’environnement de travail soit inclusif et accueillant et qu’il favorise un sentiment de valeur, d’appartenance et de bien-être pour tous et toutes.
Merci pour votre temps et votre attention. Ian, la parole est à toi.